cKei a écrit:Perso Fortnite, au delà du fait que c'est pas du tout mon style de jeu et que ça me parait chiant et moche comme un F2P au rabais, ce qui m’interpelle c'est pas tellement que les enfants ne sortiraient plus (soyons sérieux, on me disait la même chose y'a 25 ans) mais surtout qu'on dirait que tout le monde y joue. Comme s'il n'y avait plus de diversité dans les achats alors que paradoxalement on n'a jamais eu autant de choix (même sans compter le "retrogaming").
Je veux dire, quand j'étais en primaire/collège, t'aurais demandé aux gosses à quoi ils jouent en ce moment et tu aurais eu du Roi Lion, Pokémon, FFVIII, Mortal Kombat, du GTA1 et plein d'autres trucs, parce qu'à l'époque on achetait (ou se faisait offrir) les jeux en fonction de la jaquette repérée en magasin ou dans un magasine de jouets, que c'était une licence plus ou moins connue, éventuellement parce qu'on avait pu toucher au jeu chez un copain, plus rarement parce qu'on lisait un test dans la presse spé (ça c'est venu un peu plus tard). Les gamins picoraient malgré le prix assez lourd des jeux en cartouche, on jouait à un peu de tout. Aujourd'hui j'ai l'impression (voyons les choses en face, je ne connais personne qui y joue) que c'est la hype (par exemple un afflux brutal de joueurs sur un early access) qui crée une mode qui emporte tout sur son passage, et qu'ensuite les gosses n'ont plus envie de rien d'autre. Est-ce que c'est une sorte de pression sociale, le modèle économique (pourtant des jeux pas cher c'est pas ce qui manque), des moyens d'accès qui passent d'une recherche active en magasin à des bibliothèques qui font remonter l'info prémachée avec le jeu le plus téléchargé en premier, ou le manque d'ouverture sur le reste ? Je sais pas mais je trouve ça préoccupant.
Martin a écrit:Ben c'est un réseau social, comme pas mal de jeux en ligne. Tout le monde y joue parce que si tu veux retrouver tes potes c'est là qu'ils sont. Parce que tu ne sors plus des masses et que tu n'as pas d'autre lieu de rencontre. C'est pire aujourd'hui je pense, peut-être parce que nous avons plus de craintes, mais peut-être aussi parce que la ville est devenue un poil plus violente. Je dis pas juste ça pour mon fiston que j'essaye d'autonomiser, mais plein de ses potes ne sortent quasi jamais seuls...
Martin a écrit:mais peut-être aussi parce que la ville est devenue un poil plus violente. Je dis pas juste ça pour mon fiston que j'essaye d'autonomiser, mais plein de ses potes ne sortent quasi jamais seuls...
Le Yéti a écrit:Martin a écrit:Ben c'est un réseau social, comme pas mal de jeux en ligne. Tout le monde y joue parce que si tu veux retrouver tes potes c'est là qu'ils sont. Parce que tu ne sors plus des masses et que tu n'as pas d'autre lieu de rencontre. C'est pire aujourd'hui je pense, peut-être parce que nous avons plus de craintes, mais peut-être aussi parce que la ville est devenue un poil plus violente. Je dis pas juste ça pour mon fiston que j'essaye d'autonomiser, mais plein de ses potes ne sortent quasi jamais seuls...
Histoire amusante : mon père l'autre jour a engueulé une de mes sœurs de 11 ans parce qu'elle voulait sortir de la voiture et aller dire bonjour à une amie qui était… sur le même trottoir, 50 mètres devant nous. "Enfin ! Les enfants ne se baladent pas seuls dans la rue !"
Flash-back, quand j'avais 8 ans, je marchais tous les matins pour aller à l'école qui se trouvait à… 25 minutes à pied de chez moi. Ça n'a jamais dérangé personne, moi le premier.
Alors oui, je vivais à la Réunion, mais là je vous parle pas de Paris, mais d'Amboise, une ville minuscule et sans histoire.
BREF.
Shane_Fenton a écrit:D'abord, je suis étonné de voir à quel point ce jeu est devenu aussi populaire en si peu de temps auprès du jeune public. Ensuite, je constate qu'à chaque fois que je demande son avis à un joueur adulte de ma génération (30-40 piges) et de mon entourage, il déteste, ou il méprise, ou il ne comprend pas, ce n'est vraiment pas son truc. Je n'ai sondé qu'une petite poignée de personnes, mais ce serait intéressant d'essayer de le généraliser pour voir s'il y a une divergence entre les générations de joueurs.
cKei a écrit:Perso Fortnite, au delà du fait que c'est pas du tout mon style de jeu et que ça me parait chiant et moche comme un F2P au rabais, ce qui m’interpelle c'est pas tellement que les enfants ne sortiraient plus (soyons sérieux, on me disait la même chose y'a 25 ans) mais surtout qu'on dirait que tout le monde y joue. Comme s'il n'y avait plus de diversité dans les achats alors que paradoxalement on n'a jamais eu autant de choix (même sans compter le "retrogaming").
Je veux dire, quand j'étais en primaire/collège, t'aurais demandé aux gosses à quoi ils jouent en ce moment et tu aurais eu du Roi Lion, Pokémon, FFVIII, Mortal Kombat, du GTA1 et plein d'autres trucs, parce qu'à l'époque on achetait (ou se faisait offrir) les jeux en fonction de la jaquette repérée en magasin ou dans un magasine de jouets, que c'était une licence plus ou moins connue, éventuellement parce qu'on avait pu toucher au jeu chez un copain, plus rarement parce qu'on lisait un test dans la presse spé (ça c'est venu un peu plus tard). Les gamins picoraient malgré le prix assez lourd des jeux en cartouche, on jouait à un peu de tout. Aujourd'hui j'ai l'impression (voyons les choses en face, je ne connais personne qui y joue) que c'est la hype (par exemple un afflux brutal de joueurs sur un early access) qui crée une mode qui emporte tout sur son passage, et qu'ensuite les gosses n'ont plus envie de rien d'autre. Est-ce que c'est une sorte de pression sociale, le modèle économique (pourtant des jeux pas cher c'est pas ce qui manque), des moyens d'accès qui passent d'une recherche active en magasin à des bibliothèques qui font remonter l'info prémachée avec le jeu le plus téléchargé en premier, ou le manque d'ouverture sur le reste ? Je sais pas mais je trouve ça préoccupant.
Oscar a écrit:Alors perso j'y ai jamais joué, principalement parce que les jeux multi en ligne c'est pas vraiment ma came, même si ça fait un moment que je me dis qu'il faudrait que je prenne un peu de temps pour expérimenter juste pour la culture, mais ouais, j'ai l'impression que y a clairement ce comportement de vieux con qui est assez répandu, qui n'est pas spécifique à Fortnite (ni même au jeu vidéo). On a déjà vu ça plein de fois : un gros phénomène commercial qu'on ne voit pas vraiment venir, une popularité qui explose avant même qu'on ai eu l'opportunité de s'intéresser au truc, et du coup on se renferme avec l'impression que les autres sont des demeurés, peut-être par peur de ne plus être dans le coup : on s'auto-persuade que les autres sont dans l'erreur pour se rassurer sur le fait qu'on a initialement zappé ce truc. Dans mes recherches sur la vieille presse JV j'ai vu plein de messages dans les courriers des lecteurs en 98/99 de gens qui disaient que Pokémon c'était vraiment de la merde et que les gamins d'aujourd'hui connaissaient pas les vraies bonnes choses. Souvent c'était avant même la sortie du jeu. On a vu ça aussi avec Minecraft. Y a un an, sur Twitter j'ai balancé un graphique comparant les ventes de PUBG avec celle de Minecraft pour montrer comment le succès de PUBG était bien plus rapide. J'ai eu plein de réactions de gens qui disaient "sauf que PUBG c'est de la merde, alors que Minecraft c'était génial". Aujourd'hui on en trouve plein pour te dire que Fortnite c'est de la merde alors que PUBG c'est le truc des vrais gamers. Bref.
Oscar a écrit: Tu dis qu'à l'époque les gamins picoraient, qu'on jouait à un peu de tout, mais tout simplement parce que même si un Pokémon ou un FFVIII pouvait t'occuper un long moment, y a bien un moment où tu termine le jeu, ou que tu t'en lasse, et tu passe à autre chose. Si tu ne pouvais avoir qu'un seul jeu par an t'étais frustré. C'est plus trop le cas aujourd'hui. Je pense que le problème se situe plus là-dessus que sur une question de hype.
Poppy a écrit:
A l'opposé, il y a aussi ce comportement de vieux con qui consiste à ne pas critiquer parce que c'est nouveau, c'est jeune, etc.
Tiens et puis je suis curieux de relire ce que les gens postaient ici il y a quelques années à propos de CoD. Je sens bien que la compréhension envers les pratiques des jeunes est à géométrie variable...
Poppy a écrit:Ah il y a un petit côté russe que j'aime bien dans PUBG. C'est sensé se passer en Russie mais le jeu donne l'impression d'avoir été fait par des russes aussi.
Thufir a écrit:Martin a écrit:mais peut-être aussi parce que la ville est devenue un poil plus violente. Je dis pas juste ça pour mon fiston que j'essaye d'autonomiser, mais plein de ses potes ne sortent quasi jamais seuls...
Je vois pas en quoi la ville est devenue plus violente. Je veux dire, elle l'était déjà beaucoup avant. A Lille, je me suis fait emmerder un paquet de fois et même une fois bien tabasser. Toi tu t'es fait braquer sur le canal, de mémoire.
Et puis la violence de la ville... (re)lisez la guerre des boutons. Ca se passe dans la France rurale et côté violence ça envoie du pâté.
Oscar a écrit:Enfin bref, je pense que tout ceci n'a rien à voir avec les jeux vidéo. C'est plus une question d'éducation et de stress des parents qui ont peur de donner trop de liberté à leurs enfants pour leur sécurité.
Chaque année lors de la cérémonie de remise des Oscars, Hollywood invite le monde entier à venir partager l’illusion qu’une noble industrie œuvre pour le bien de l’humanité en lui offrant des divertissements magnifiques, émouvants, qui vont susciter chez lui joie, tendresse, chagrin, des films riches à la fois en scènes d’action époustouflantes et en promesses réconfortantes. Devant cette autocélébration festive, on a tendance à oublier que « le monde du cinéma » est une industrie motivée par le profit — comme toutes les grandes industries —, qu’elle est assez fermement centralisée et qu’elle se préoccupe bien plus de nous faire les poches que de créer un art qui viendra nourrir nos rêves.
On néglige tout autant le fait qu’Hollywood fonctionne selon des paramètres idéologiques bien arrêtés. Si l’industrie du cinéma recherche en permanence gloire et dollars, elle n’en est pas moins une industrie culturelle. Les produits qu’elle commercialise sont constitués de personnages, d’images, d’histoires, d’expériences et, à leur manière, d’idées, des éléments qui affectent directement la conscience du public. Et si le premier objectif des grands studios est de faire de copieux profits, ils en ont un autre — que celui-ci soit explicitement assumé ou non : le contrôle idéologique. Ils ne l’exercent en ne s’aventurant jamais au-delà du cadre du système de croyances dominant, tout en le présentant comme une représentation naturelle et authentique de la vie. Il serait peut-être donc plus approprié de décrire l’industrie du cinéma comme engagée, non seulement dans le contrôle idéologique, mais aussi dans le self-control idéologique.
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