Comme je n'ai jamais trouvé le temps de jouer à un jeu de rôle papier, je me suis contenté du plaisir solitaire que constitue la lecture d'ouvrages (ou de sites web) sur le jeu de rôle papier.
Naturellement, ce qui m'a le plus intéressé, c'est la croisade anti-jdr. Sur la partie américaine, Places to Go, People to Be a tout dit,
surtout en VF (grâce à la traduction de documents qui ne figuraient pas sur le site original). Sur la partie française, il y a le livre de Jean-Hugues Matelly dont j'ai déjà parlé dans le topic Littérature, ainsi que
le site du père de Christophe "Aragorn" Maltese (pas mis à jour depuis 10 ans, mais donnant accès à la plupart des articles de presse de l'époque, ce qui le rend extrêmement précieux).
Pour les pervers comme moi, il y a aussi les torchons écrits dans les années 80 par les fondamentalistes et les anti-jdr américains. En voici quelques-uns que j'ai achetés, parfois à regret :
The Truth About Dungeons & Dragons de Joan Hake Robie,
Satanism : The Seduction of American Youth de Bob Larson,
The Devil's Web de Pat Pulling,
Painted Black de Carl Rashke. Le problème, c'est qu'ils finissent par tourner en rond. En tout cas, ils donnent un bon aperçu de l'état mental des détracteurs de D&D (lesquels n'étaient pas tous des allumés complets).
Par contre, j'ai quand même été surpris et déçu de constater qu'il n'y avait pas de livre retraçant l'histoire du jeu de rôle (au sens plus large, pas seulement la partie polémique) alors qu'il y en a quand même un certain nombre sur le jeu vidéo. Quand j'en ai parlé aux gens de la FFJDR au Salon du Jeu l'an dernier, ils m'ont répondu qu'il y avait quand même une grosse différence en termes d'audience et de moyens pour mener à bien un tel projet. Je trouve quand même ça dommage.
Finalement, pour avoir une idée de ce que ça signifiait d'être rôliste dans ces années-là, il reste les
Memoirs, à mi-chemin entre l'autobiographie et l'essai, écrits par ceux qui ont connu cette époque. Je m'en suis procuré deux :
Fantasy Freaks and Gaming Geeks d'Ethan Gilsdorf, et
The Elfish Gene : Dungeons, Dragons and Growing Up Strange de Mark Barrowcliffe. Le premier est plus une analyse et une cartographie des geeks et "sous-cultures" assimilées à la lumière des souvenirs d'adolescence de l'auteur. Je l'ai trouvé agréable à lire et touchant, quoiqu'un peu agaçant par moments pour diverses raisons. Le bouquin de Barrowcliffe, en revanche, est un peu différent parce qu'il se concentre sur la période "adolescence et D&D". Le ton est également complètement différent, parce que là où Gilsdorf montre de la sympathie pour les geeks (ce qui ne l'empêche pas de pointer aussi les effets négatifs des meuporg), Barrowcliffe revient avec cynisme et mépris sur l'époque où il était une caricature de petit con merdeux qui passait son temps sur D&D. Et oui, pour lui, il y a un lien, même s'il a conservé un rapport ambigu avec ce jeu. D'ailleurs, la réception de son bouquin au sein de la communauté du jdr a été elle aussi ambigüe. D'un côté, il a une certaine valeur "documentaire", mais de l'autre, le portrait au vitriol qu'il contient sur son adolescence a parfois été pris comme une attaque personnelle contre les rôlistes.
[mode semi-HS Off pour des trucs dont j'aurais pu parler dans le topic Littérature

]