Pour ses 30 ans, je voulais offrir à ma compagne une soirée à l'opéra. Elle aime beaucoup la musique classique, moi aussi, mais nous n'avons pas l'occasion d'assister à des concerts.
Là, il y avait un opéra plutôt sympa qui démarre début décembre. Cool je me dis, ça va lui faire une belle surprise. Puis je regarde le prix des places. Ça démarre à 5€ et ça plafonne jusqu'à près de 500 balles.
Je pense choper des places à un prix abordable, sans non plus devoir être collés dans un coin de mur. Sauf que les places à 5€, il n'y en a plus, pas plus que celles à 15€, 30€ et autres. Tout est parti très vite, et pour cause, il n'y en avait qu'une vingtaine... Les premiers prix sont désormais à 270€. Oui. Et encore, des places à chier, coincées derrière un angle mort, complètement à droite de la scène, où pour voir quelque-chose il faut se plier en deux.
C'est une demi surprise. La plupart des spectacles coûtent un bras, en particulier dès qu'il s'agit de théâtre un peu classique ou de musique équivalente.
Ça fait des années que ces institutions jouent de la trompette en amenant sur un plateau d'argent leurs tarifs accessibles aux jeunes, aux chômeurs, aux retraités, etc. Mon cul. L'accès à LA culture, celle qui est noble et propre sur elle, à ne pas confondre donc avec celle qualifiée de populaire, n'est toujours réservée qu'à une caste de parvenus, confortablement installés dans leur gros fauteuils au premier rang et leurs privilèges.
Qui, à plus de 200 balles la place, peut aller assister à ces spectacles? Sur la base d'une famille moyenne (deux parents et deux enfants), ça fait 800 balles le spectacle. Qui a 800 balles à claquer là-dedans? Ceux qui peuvent, c'est-à-dire quasiment personne. Exit les classes populaires et les classes moyennes, les familles, les jeunes, les vieux, les chômeurs, les travailleurs précaires, etc.
Je me suis rabattu sur un autre truc, une sorte de compromis, beaucoup plus abordable. Mais ce n'est pas l'opéra.
Pourtant, les fois où je suis allé à Prague, j'avais des super places pour des ballets et des opéras de folie pour l'équivalent de 20€, voire moins. Ce sont des spectacles subventionnés, tout comme c'est le cas en France,
dont les opéras sont parmi les plus subventionnés d'Europe. Je vais peut-être un peu vite dans mes conclusions, mais n'est-ce pas là une démonstration du plafond de verre culturel? D'une culture à deux vitesses, dont une partie serait strictement réservée à une élite sociale et économique?
PS: je ne savais pas où caser ça. Si ce n'est pas au bon endroit, pas de souci, vous pouvez déplacer.